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La concentration du marché menace l’économie américaine

Lundi 1 Avril 2019

Les économies développées de la planète souffrent actuellement de plusieurs problèmes profonds. Aux États-Unis, en particulier, les inégalités atteignent leur plus haut niveau depuis 1928, et la croissance du PIB demeure terriblement molle en comparaison aux décennies de l’après-guerre.


Après avoir promis   une croissance annuelle de « 4,5 à 6 % », le président américain Donald Trump et ses soutiens républicains au Congrès n’ont produit qu’une situation de déficits sans précédent. D’après les dernières projections   du Bureau du budget du Congrès, le déficit budgétaire fédéral atteindra 900 milliards $ cette année, et dépassera la barre du millier de milliards de dollars chaque année après 2021. Or, l’élan induit par le dernier déficit s’estompe d’ores et déjà, le Fonds monétaire international prévoyant   une croissance américaine de 2,5 % en 2019 et de 1,8 % en 2020, contre 2,9 %   en 2018. 

De nombreux facteurs contribuent au problème de faible croissance/fortes inégalités dans l’économie américaine. La piètre « réforme » fiscale appliquée par Trump et les Républicains est venue aggraver les défaillances existantes du code fiscal, canalisant encore davantage de revenus vers les plus fortunés. Dans le même temps, la mondialisation demeure mal gérée, et les marchés financiers continuent de s’axer sur l’extraction de profits (la recherche de rente, en langage d’économiste), plutôt que sur l’apport de services utiles. 

Mais un problème plus profond et plus fondamental encore    réside dans une concentration croissante de la puissance de marché, qui permet aux sociétés dominantes d’exploiter leurs clients et d’exercer une pression sur leurs employés, dont le pouvoir de négociation et les protections juridiques sont affaiblies. PDG et hauts dirigeants se versent une paie de plus en plus élevée, au détriment des travailleurs et de l’investissement. 

Les dirigeants d’entreprise aux États-Unis ont ainsi œuvré pour que l’essentiel des gains permis par la baisse d’impôts prenne la forme de dividendes et de rachats d’actions, qui ont atteint un niveau record de 1 100 milliards $ en 2018. Ces rachats ont fait augmenter le prix des actions, ainsi que le bénéfice par action, sur lequel repose la rémunération de nombreux dirigeants. Dans le même temps, représentant 13,7 % du PIB, l’investissement annuel est resté faible, pendant que de nombreux régimes de retraite d’entreprise devenaient sous-financés. 

Partout s’observent les illustrations d’une puissance de marché croissante. D’importantes marges contribuent à des bénéfices d’entreprise   élevés. Secteur après secteur, des activités réduites telles l’alimentaire pour animaux de compagnies aux activités majeures comme les télécommunications, les prestataires de câble, les compagnies aériennes ou les plateformes technologiques, une poignée de sociétés dominent  aujourd’hui 75 à 90 % du marché, voire plus, sachant que le problème est encore plus prononcé au niveau des marchés locaux. 

À mesure qu’augmente le pouvoir de marché des plus grandes sociétés, il en va de même pour leur capacité à influencer les politiques américaines dans lesquelles intervient l’argent. C’est ce qu’illustre parfaitement la multiplication de clauses d’arbitrage qui, dans les contrats de travail et les contrats d’utilisateurs, permettent aux grandes sociétés de régler les litiges avec les employés et les clients via un simple médiateur, plutôt que devant les tribunaux. 

De multiples forces contribuent à l’augmentation de la puissance de marché. L’une d’entre elles réside dans la croissance de secteurs aux importants effets de réseau, qu’une seule et unique société – de type Google ou Facebook – peut facilement dominer. Une autre réside dans l’attitude prévalente parmi les dirigeants d’entreprises consistant à considérer la puissance de marché comme la seule voie pour générer des profits durables. Pour reprendre la célèbre formule   de l’investisseur Peter Thiel, « la concurrence, c’est pour les perdants ». 

Certains dirigeants d’entreprise aux États-Unis font preuve d’une grande ingéniosité pour ériger des barrières au marché empêchant tout forme significative de concurrence, aidés par une application laxiste du droit de la concurrence, et par une absence de modernisation de ces lois en phase avec l’économie du XXIe siècle. Résultat, la proportion   de nouvelles entreprises aux États-Unis est aujourd’hui en baisse. 

Rien de tout cela n’est de bon augure pour l’économie américaine. Creusement des inégalités signifie diminution de la demande globale, dans la mesure où les individus situés au plus haut de la pyramide de répartition des revenus tendent à consommer une moindre part de leurs revenus que les individus aux revenus plus modestes. 

Par ailleurs, du côté de l’offre, la puissance de marché dissuade l’investissement et l’innovation. Les grandes entreprises savent que si elles produisent plus, il leur faudra réduire leurs prix. C’est la raison pour laquelle l’investissement demeure faible, en dépit de profits record et de plusieurs milliers de milliards de dollars de réserve de trésorerie pour les sociétés américaines. En outre, pourquoi produire quoi que ce soit de valeur lorsque vous pouvez user de votre influence politique pour extraire toujours plus de rentes via l’exploitation du marché ? Les investissements de nature politique visant à obtenir des baisses d’impôts produisent des rendements bien supérieurs à ceux des investissements dans les installations et les équipements. 

La situation est d’autant plus regrettable que le faible ratio recettes fiscales/PIB – qui atteint seulement 27,1 %, avant même la réduction d’impôts appliquée par Trump – est synonyme de pénurie de fonds à investir dans les infrastructures, l’éducation, la santé, et les recherches de bases nécessaires à la croissance future. Telles sont les mesures qui, du côté de l’offre, produisent véritablement des retombées positives pour chacun. 

Les mesures politiques de lutte contre des déséquilibres de puissance dommageables pour l’économie sont bien connues. Ces 50 dernières années, sur la base de l’hypothèse selon laquelle les marchés étaient généralement concurrentiels, les économistes de l’école de Chicago   ont ajusté la mire des politiques de concurrence exclusivement sur l’efficacité économique, plutôt que de prendre plus largement en compte les questions de puissance et d’inégalité. Ironie du sort, cette hypothèse est devenue dominante dans les cercles politiques au moment même où les économistes commençaient à en révéler les failles. Le développement de la théorie des jeux ainsi que de nouveaux modèles appréhendant l’imperfection et l’asymétrie des informations est venu exposer les profondes limites du modèle de la concurrence. 

La loi doit rattraper son retard. Toute pratique anticoncurrentielle doit être jugée illégale, point final. Au-delà de cet aspect, de nombreux autres changements sont nécessaires pour moderniser la législation antitrust aux États-Unis. Les Américains doivent faire preuve de la même détermination à lutter pour la concurrence que la motivation démontrée par leurs grandes sociétés à lutter contre elle. 

Comme toujours, le défi est politique. Or, les grandes sociétés américaines ayant accumulé tant de pouvoir, on ne peut que douter de la capacité du système politique américain à relever le défi de la réforme. Ajoutez à cela une mondialisation de la puissance d’entreprise, une orgie de déréglementations, un capitalisme de connivence sous la présidence Trump, et il apparaît évident que l’Europe devra prendre l’initiative. 

Traduit de l’anglais par Martin Morel 
Joseph E. Stiglitz est professeur à l’Université de Columbia, et lauréat du prix Nobel 2001 de sciences économiques. Son ouvrage le plus récent, intitulé People, Power, and Profits: Progressive Capitalism for an Age of Discontentparaîtra en avril. 

© Project Syndicate 1995–2019 
 


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